À l’approche du temps des Fêtes, et une semaine après le “vendredi fou” (“Black Friday”), je tombe sur ce génial petit court métrage d’animation de Steve Cutts intitulé ironiquement “Happiness”. Bien que Laborit n’y soit pas évoqué explicitement, les habitué.es de ce site comprendront tout de suite le lien avec cette critique sociale cruelle mais lucide de notre société de consommation. En effet, comme l’écrivait Bernard Andrieu dans un article écrit quelques semaines après le décès de Laborit en 1995 et que je viens aussi de découvrir:
” Chacun se souvient des scènes de Mon oncle d’Amérique, réalisé par Alain Resnais, où l’existence des hommes est comparée à celle de rats en cage. Connu par ce film, Palme d’or à Cannes en 1980, Henri Laborit sut pourtant avancer une conception dynamique des relations entre l’homme et la société en décrivant ses effets sur le corps humain. ”
Si je me souviens bien, Laborit n’aimait pas trop la scène très drôle imaginée par Resnais où deux hommes avec une tête de rat se battent sur leur bureau de travail. Il y voyait sans doute une réduction behavioriste de sa pensée qui s’est, au contraire de cette approche, plongée au coeur de nos processus mentaux par niveaux d’organisation successifs, du moléculaire au psychologique. Mais sur le fond, parions que Laborit n’aurait pas renié le regard caustique de Cutts sur l’aliénation de notre monde marchand. Car comme le rappelle Andrieu dans son article,
“[Laborit] dénonce la manière dont la civilisation industrielle aura établi et renforcé la compétition dans l’individualisme : entièrement dominé par la production et la possession des marchandises, l’individu cherche sa place dans la hiérarchie sociale, aveuglé par la domination des autres.”
Et Laborit n’écrivait-il pas également, dans ce célèbre passage d’Éloge de la fuite qui s’applique trop bien à la publicité et à la consommation de masse :
” Je suis effrayé par les automatismes qu’il est possible de créer à son insu dans le système nerveux d’un enfant. Il lui faudra dans sa vie d’adulte une chance exceptionnelle pour s’évader de cette prison, s’il y parvient jamais.”
Voici donc ce peitit bijou de quatre minutes, Happiness :
Et je vous laisse avec cette autre citations de Laborit en vous souhaitant un bon magasinage du temps des Fêtes… ;-P
p.s.: ah et puis tiens, je vous fais quand même une suggestion de cadeau…
p.p.s: et si jamais vous n’en avez pas eu assez avec Happines, essayez Man, le court métrage précédent de Steve Cutt Bookmarquez ce permalien.
Merci pour tous ces cadeaux.
pour moi c est un humain née dans la souffrance avec son historique familial
je “pense” qu il a compris le sens de la vie