Je vous propose cette semaine un extrait d’un article fort intéressant qui m’a été une fois de plus signalé par Chantal Midenet que je remercie ici. L’article écrit par François Châtel et publié dans le numéro de mars 2011 de la revue La grande relève. Mensuel de réflexion socio-économique vers la démocratie d’une économie de partage. s’intitule « Nature humaine et agressivité » (p.14).
Vers la fin de l’article (qui est par ailleurs le résumé d’un travail plus long publié sur le site de l’Association pour une Économie Distributive), Châtel cite Laborit après avoir rapporté des propos de Marshall Sahlins , Claude Lévi-Strauss et Pierre Bourdieu. Le temps étant malheureusement souvent une contrainte pour moi quand vient le temps d’écrire ici, j’opterai pour la solution paresseuse de retranscrire la citation de Laborit, dure à souhait pour le système en place, avec les quelques lignes fort bonnes aussi de l’auteur qui la précèdent et la suivent.
« L’action des individus est donc, au terme de la théorisation de Bourdieu, fondamentalement le produit des structures objectives du monde dans lequel ils vivent, et qui façonnent en eux un ensemble de dispositions qui vont structurer leurs façons de penser, de percevoir et d’agir.
Et pour appuyer l’ensemble de ces études et témoignages, citons Henri Laborit, grand chercheur dans ce domaine :
«Nous sommes …obligés, par l’étude expérimentale du comportement agressif, de nous élever contre l’interprétation largement diffusée au cours de ces dernières années, de l’implacabilité génétique de l’agressivité chez l’homme… Comme il serait peu probable que ce soient les dominés qui tentent d’eux-mêmes d’assurer la stabilité d’un système hiérarchique, il faut bien que les dominants installent très tôt dans le système nerveux de l’ensemble des individus du groupe, un type d’automatismes socioculturels, de jugements de valeurs favorables au maintien de leur dominance, donc de l’organisation hiérarchique du groupe… C’est ainsi que l’on fera appel à la nature pour montrer l’implacabilité de l’agressivité chez l’homme puisqu’elle existe chez l’animal, ce qui déculpabilise les hiérarchies, les dominances, l’agressivité des dominants en réponse à celle des dominés … Il faut motiver l’homme de demain pour qu’il comprenne que ce n’est qu’en s’occupant des autres, ou plus exactement des rapports des hommes entre eux, de tous les hommes quels qu’ils soient, qu’il pourra trouver la sécurité, la gratification, le plaisir. … Nous entrons dans une ère où toutes les “valeurs” anciennes établies pour favoriser la dominance hiérarchique doivent s’effondrer». [La nouvelle grille]
Poser l’importance du contexte environnemental, c’est concevoir qu’on ne naît ni bon, ni mauvais, que chaque individu est ancré dans une histoire en devenir et qu’il peut donc changer si on lui en donne les moyens. C’est partir du principe que les êtres humains sont avant tout le reflet de la société dans laquelle ils vivent et qu’on peut à tout moment débattre collectivement de ce type de société et la faire évoluer en fonction de ce qui pourra être épanouissant pour chacun-e.
Il est absurde que le capitalisme, né de conditions particulières, puisse imposer ses nuisances dans le monde entier. Il se cache derrière sa réussite technique en la présentant comme la panacée universelle, comme la condition du bonheur sur Terre, alors qu’il ne propose, en réalité, qu’un enfermement dans le consumérisme, la dépendance envers le matériel, sinon l’expression de la violence sous toutes ses formes. »