Ce qui est merveilleux avec ce site et que je n’avais pas prévu au départ, c’est la joie associée à la découverte de nouveaux artéfacts que doivent bien connaître les archéologues ! Ce site web s’apparente donc ainsi à un site archéologique où des collaborateurs et collaboratrices assidu.es ou de passage me livrent leurs découvertes sur Laborit que je m’empresse ensuite de rendre accessible au plus grand nombre dans une démarche classique de muséologie.
Cette joie, plusieurs d’entre vous l’ont peut-être ressenti à la découverte du documentaire intimiste « Henri Laborit – Itinéraires », présenté ici la semaine dernière et qui était très peu accessible depuis sa réalisation en 1996.
Le nouveau filon dont il sera question cette semaine m’a été signalé par Thomas Pauvret (que je remercie ici) qui me signalait, il y a quelques semaines, l’existence de nombreux documents audio et vidéo concernant Henri Laborit sur le site de l’Institut National de l’Audiovisuel français, l’INA. J’étais déjà passé sur ce site et y avait remarqué quelques émissions de télé où Laborit faisait de brèves apparitions sur des sujets parfois un peu spécifiques, donc rien d’important m’étais-je dit à l’époque. Erreur…
Car une simple recherche avec « Henri Laborit » permet de trouver pas moins de 22 documents audio et 16 documents vidéo ! Certains, bien sûr, tombent dans la catégorie que je viens de décrire. Mais certaines pépites d’or (pour continuer à filer la métaphore…) s’y trouvaient bien cachées. Je n’ai pas encore tout écouté, mais il est certain que le document vidéo de 23 minutes intitulé simplement « Henri Laborit » produit dans le cadre de l’émission « La Vocation d’un Homme » en 1966 brille d’un éclat particulier.
C’est, encore une fois à ma connaissance, le film où l’on voit Laborit le plus jeune (il a 50 ans) parler de lui et de son laboratoire (qui n’a alors qu’une petite décennie d’existence). Il le fait avec une aisance et une fraîcheur remarquable qui contraste avec le Laborit un peu désabusé de la race humaine (avec raison…) des années 1990 que l’on a pu voir dans différents documents vidéo.
Je vous retranscris ci-dessous la description assez complète du contenu de cet entretien d’une vingtaine de minutes tourné pour la plus grande partie dans son bureau mais avec quelques scènes de son laboratoire et de ses collègues qui ne manquent pas d’intérêt. Le texte a curieusement de nombreuses fautes d’orthographe, y compris dans le prénom de Laborit…
« Le docteur LABORIT, chercheur connu dans le monde entier pour sa connaissance sur les mécanismes de la vie, a crée une petite entreprise totalement indépendante de 14 chercheurs, chacun spécialisé dans un domaine différent des autres. Il s’intéresse à l’humain et aux divers mécanismes qui le régissent. Il est à l’origine de nombreuses innovations intervenant sur les mécanismes du cerveau. Aujourd’hui il travaille à un médicament universel contre la douleur et songe à un autre qui permettrait à l’homme de vivre en meilleur harmonie avec les siens. Philippe COUSIN est allé à sa rencontre, il nous parle de son travail et de sa situation de chercheur. Depuis son bureau, il raconte la naissance de sa vocation remontant à son enfance, marquée par la mort de son père quand il avait 5 ans puis par ses études de médecine qui l’ont quotidiennement mis en contact avec la souffrance et la mort. Confronté au mystère de la vie et à l’anxiété qu’elle a suscitée en lui, il s’y est intéressé du microscope jusqu’à l’organisation des sociétés humaines. Il parle de son travail sur le choc traumatique qui l’a conduit progressivement vers divers terrains d’études jusqu’à la pharmacologie. Une chercheuse étrangère du laboratoire dit rapidement pourquoi elle a souhaité travaillé avec Henry LABORIT. Henry LABORIT explique pourquoi il a toujours aimé travaillé avec des étrangers et répond aux accusations des scientifiques français considérant son travail plus philosophique que scientifique. Il évoque la vulnérabilité dans laquelle il se trouve puisqu’il n’appartient à aucune organisation qui peut le soutenir. A ce titre la pharmacologie a été un moyen de faire appliquer et ainsi reconnaître ses idées. Mais ce qui l’intéresse c’est la compréhension des phénomènes vivants et non la drogue elle-même, même si elle apporte une solution. Il termine sur son inquiétude de ne plus pouvoir un jour aider ses collaborateurs et avancer dans ses recherches, étant totalement indépendant financièrement, ses seuls maîtres sont ceux qui par leurs oeuvres lui ont permis d’avancer dans son travail de recherche. »
On peut télécharger le film au complet pour 2 Euros (il n’y a qu’un aperçu de 2 minutes offert gratuitement). J’ai l’intention d’écrire à l’INA pour leur poser des questions sur les droits associés à ces films dans l’espoir de pouvoir en diffuser certains sur Éloge de la suite. Je vous tiens évidemment au courant.
Par ailleurs, pour rester dans le sujet des interventions filmées de Laborit, j’irai voir ce soir au cinéma Ex-Centris de Montréal le film « Cavanna » sur François Cavanna, créateur des magazines Charlie Hebdo et de Hara Kiri, dans lequel, m’a-t-on dit, Laborit se retrouve avec Cavanna sur le même plateau d’une émission de télévision. Je vous en reparle aussi.
En terminant, tant qu’à parler de films, un mot sur celui en montage associé à ce site. Seulement pour signaler que j’ai eu la chance durant le tournage de rencontrer le fils d’Edmond Peray, ami d’enfance de Laborit avec qui il peignait et que l’on voit dans l’une des toutes dernières scènes du film Itinéraires. Olivier Peray témoignera donc dans ce film « Sur les traces d’Henri Laborit » dont j’envisage (petit scoop ici…) la sortie en quatre parties, la première étant les 7 premières minutes jouant également le rôle de bande-annonce. La seconde aura pour sous-titre « Biologie » et j’espère pouvoir la mettre en ligne d’ici quelques mois. Et au risque de me répéter : oui, je vous tiens au courant…
Bonjour Bruno,
L’INA privatise tout, et il n’y a plus aucun des liens de ton site qui sont redirigés sur une vidéo d’Henri Laborit.
C’est la poisse !!