On poursuit la publication du dossier de la revue Psychologie de mars 1982, commencée la semaine dernière avec les «quatre expériences sur les rats». Aujourd’hui : la bande-dessinée de 3 pages sur la petite histoire de l’inhibition de l’action. Une suite logique, donc, des mécanismes qui ont été présenté chez l’animal mais que l’on retrouve aussi chez l’humain. Cette BD, écrite par Jérôme Liss et illustrée par Gabs, présente en fait le contenu du plus récent livre de Laborit à l’époque : L’inhibition de l’action, publié en 1979.
La première page (cliquez sur le lien pour la voir) commence par rappeler que, comme chez le rat, lorsqu’un humain perçoit une menace à sa survie, un stress, des mécanismes cérébraux induisent des modifications physiologiques favorisant la fuite ou la lutte.
La deuxième page rappelle aussi que si s’on réussit à éloigner la menace, tout va bien et l’on peut continuer à se faire plaisir (boire, manger, copuler, etc.). Mais Laborit montre que si l’on ne parvient pas éloigner la menace et que l’on reste sous son emprise, un autre système, celui de l’inhibition de l’action, entre en jeu. Un système qui est également adaptatif au départ car il nous empêche de nous jeter dans la gueule du loup quand on a aucune chance de sortir victorieux d’un combat.
Les problèmes, physiologiques et psychologiques, surviennent lorsque nous activons ce système d’inhibition de l’action de façon chronique, sur de longues périodes, alors que le détournement de ressources propre à d’autres systèmes vitaux (comme le système immunitaire) qui lui est associé requiert un retour à l’action à brève échéance.
C’est ce que détaille la troisième page, en revenant sur l’expérience avec les rats qui montre que l’action, même inefficace, permet dans bien des cas à l’organisme de retrouver son équilibre biologique mis en veilleuse dans l’inhibition de l’action. Et l’on rappelle en terminant que Laborit insistait sur les implications sociales et politiques de ce phénomène. Entre autres, comment les hiérarchies de dominance omniprésentes dans notre monde capitaliste induisent très souvent l’inhibition de l’action chez les employé.es qui ont peu ou pas de pouvoir décisionnel, et donc pas le sentiment d’agir sur leur destinée.
Laborit était d’ailleurs conscient de tout cela au moins 10 ou 15 ans auparavant, lui qui proposait déjà, en 1973 dans La Société informationnelle : Idées pour l’autogestion, une alternative libertaire fondée sur « l’information généralisée » permettant à chaque individu de comprendre le monde qui l’entoure pour mieux agir sur celui-ci, comme je l’avais résumé dans ce cours de l’UPop Montréal.
Je viens souvent sur le site et je suis abonné à la page facebook. J’apprécie particulièrement ce que vous faites de l’oeuvre et la mémoire de H.Laborit. Je viens de finir votre cours sur l’UPop Montréal et c’était une belle synthèse du livre avec ses exemples actuels. Je voulais juste vous transmettre ma sympathie par ce commentaire et vous demander si vous aviez déjà tenté de récupérer et de négocier la diffusion des nombreux documents de l’INA* (France) (*Institut National de l’Audiovisuel)?