Je suis très heureux de mettre aujourd’hui à la disposition des lecteurs et lectrices d’Éloge de la suite un nouvel enregistrement audio avec Henri Laborit. Je le dois à M. Vincent Buteau, que je remercie ici chaleureusement. M. Buteau a découvert Éloge de la suite durant le temps des fêtes à la suite de l’écoute de l’entrevue avec Jacques Laborit à l’émission “Les années lumière”. Il dit avoir fort apprécié la conférence de Laborit à Hydro-Québec, qu’il ne connaissait pas, et m’écrit ensuite ceci :
“Je précise que j’ai découvert Laborit en 1987 durant mes études collégiales. Un ami avait à l’époque enregistré à la radio communautaire de Québec (CKRL – 89,1) une émission consacrée à Laborit. Il m’avait prêté la cassette… que j’ai toujours 28 ans plus tard! C’est une longue entrevue entrecoupée de musique et d’effets sonores. Comme j’ai un attachement particulier à ce document audio, j’ai décidé de le numériser il y a une dizaine d’années. La qualité sonore est pas si mal considérant son origine analogique et sa dégradation au fil du temps. J’ai l’essentiel de l’émission mais il en manque peut-être quelques minutes.”
Effectivement, ça coupe un peu sec à la fin. Mais cela importe peu puisque c’est à un montage sonore très origninal de près d’une heure et demie que l’on a affaire ici ! Original parce que des extraits de chansons, d’archives de publicités et de toutes sortes de bruits et d’effets sonores parfois très drôles viennent appuyer les propos de Laborit à toutes les quelques minutes.
Pour écouter la première partie (1h05) :
Pour écouter la deuxième partie (0h23) :
Les thèmes abordés sont assez variés, mais plusieurs tournent autour de ce qu’on pourrait appeler “notre place dans le cosmos” puisque l’enregistrement date de septembre 1987, moment où Laborit était de passage au Québec pour la promotion de son livre Dieu ne joue pas aux dés.
Laborit rappelle par exemple qu’il a écrit ce livre pour mettre de l’ordre dans ses idées concernant la physique des particules élémentaires, l’astrophysique et la biologie du cerveau humain (bref, l’infiniment petit, grand et complexe…). Et il dit qu’il a retrouvé dans les deux premières disciplines qui ne sont pas la sienne la notion de niveaux d’organisation qui a guidée toutes ses recherches sur le cerveau. Et il ajoute, vers la 6e minute :
“Pour moi, la notion de complexité est lié au nombre de niveaux d’organisation.”
Après avoir résumé une fois de plus les effets néfastes pour la santé d’uun être humain de l’inhibition de son action en situation sociale (vers la 23e et la 28e minute), Laborit pose une question fondamentale (vers la 32e minute) :
“Est-ce que l’Homme est sur la Terre pour faire des marchandises ?”
Avant de répondre :
“Si c’est ça la finalité de l’être humain, moi je veux pas y croire.”
Et alors que l’animateur lui demande s’il est contre la notion de confort, Laborit note qu’il ne voudrait pas retourner au paléolithique mais que :
“Ce dont je suis contre, c’est prendre la production pour une finalité et d’avoir les oreilles rabattues à tous les jours par le “leader”, le type qui a “réussi”, qui a créé son entreprise… ça, ça me gène, parce que ce n’est pas la finalité de l’espèce. On a autre chose à foutre…”
En parlant du “temps de Plank” (dix à la moins 44 secondes…), Laborit tente de montrer le caractère enhivrant de la connaissance et affirme (vers la 51e minute) :
“Ce qui m’amuse avec les physiciens, c’est qu’ils nous créent la plus belle fiction qu’aucune science-fiction ne pourrait nous fournir…”
Quand l’animateur l’amène sur des questions éthiques (mères porteuses, manipulations génétiques…), Laborit dit voir un danger bien plus grand ailleurs :
“Quant à moi, ce qui est beaucoup plus dangereux, ce sont les mass média ! Alors là, on transforme les cerveaux à grand coups d’infos toujours des gars qui détiennent la vérité et le pouvoir vers ceux qui écoutent et obéissent, les dominés.”
Un dernier extrait “pour la route”, même s’ils sont très brefs et ne rendent pas le plaisir de suivre tous les liens que fait Laborit pendant cette heure et demie (vers 1h15) :
“La conscience humaine me semble un phénomène bien limité. Il y a peut-être des niveaux d’organisation qui ont une conscience plus élaborée que celle de l’Homme. […] Pourquoi nier l’inconnaissable ? C’est pas scientifique. L’idée c’est de chercher à comprendre…”
Et puis, en terminant, si quelqu’un peu aider à trouver le nom de l’animateur de cette entrevue, ce pourrait être intéressant de savoir comment s’était passé la réalisation de ce projet…
Bonjour Bruno,
Si mon souvenir est bon, l’animateur est François Desmeules. Je crois qu’il est journaliste. Je serais également très intéressé d’en apprendre plus sur le contexte de cette entrevue légendaire.
Merci pour la piste ! Il y a un François Desmeules qui fut rédacteur en chef du Voir Québec, puis du Voir Montréal, mais je ne trouve pas de contact évident pour le joindre sur le Net. Si quelqu’un a une idée…