J’aurais beaucoup aimé pouvoir rendre accessible sur ce site la biographie qu’a rédigé Claude Grenié sur Laborit. J’avais l’autorisation de l’auteur de ce texte intitulé « Henri Laborit (1914-1995), Homme de la renaissance égaré dans notre temps ». Mais ce texte a été publié dans un ouvrage collectif sous la direction de Daniel Girard (« Biologistes et naturalistes français du xxe siècle », Paris, Hermann, 2012) et l’éditeur a malheureusement refusé que le chapitre sur Laborit prenne place gratuitement dans Éloge de la suite.
Qu’à cela ne tienne (et outre le fait que j’ai eu par ailleurs de réjouissantes des promesses de textes et de vidéos inédits à venir… 😉 ), je ferai ici à l’occasion des recensions de certaines sections du travail de Grenié sur Laborit. Qui sait, cela pourra peut-être mousser les ventes de l’ouvrage et rendre l’éditeur heureux…
Claude Grenié, qui sait de quoi il parle quand il écrit sur Laborit, ayant été son ami pendant près de 35 ans, commence son introduction ainsi :
« Rédiger une biographie de Laborit peut sembler une gageure à plus d’un titre. Faut-il décrire son parcours médical et scientifique, replacer ses découvertes pharmacologiques dans une histoire de la médecine, pendre en considération ses textes de grande diffusion ? »
Grenié va résoudre le problème en faisant un peut tout ça à la fois, subdivisant son texte en courts chapitres dont les titres ne sont pas sans rappeler ceux imposés par son éditeur à Laborit dans l’Éloge de la fuite : Une vie; Héritages; Propos sur la méthode; Les travaux et les jours; Concepts; Rencontres; Le partage du savoir; Critiques; Influences; Esthétique; Utopie. (les titres de chapitre de l’Éloge de la fuite ayant aussi inspiré une websérie, mais ça c’est une autre histoire…)
Deux passages ont particulièrement retenu mon attention dans le premier chapitre biographique intitulé « Une vie » (clin d’œil sans doute à l’autre livre de Grenié sur Laborit intitulé « Henri Laborit, une vie. Derniers entretiens avec Claude Grenié. »). Le premier fait état d’un moment charnière dans la vie de Laborit :
« Or, il a, généralement, accepté la hiérarchie militaire de la Marine, mais la hiérarchie médicale l’a toujours insupporté. Opérer comme assistant d’un chirurgien plus gradé qu’il considère comme « insuffisant technique », la suprême injure pour lui, est intolérable. Plusieurs médecins civils ont alors recours à lui pour des cas difficiles et, cela, au mépris de la hiérarchie; il est sous le coup d’une nouvelle demande de mise aux arrêts de rigueur. La Direction centrale de la Santé maritime lui propose alors de venir travailler au service de physiologie du Val-de-Grâce, ce qui comble ses vœux et marque le début d’un autre métier, d’une autre carrière, d’une autre vie.
Selon Huguenard, « Laborit, plutôt gênant dans la hiérarchie, a été rangé par la Marine sur une voie de garage et muté dans un laboratoire à l’hôpital du Val-de-Grâce, avec mission d’y essayer différents types de pommade pour brûlures ». Par la suite les choses ne se sont pas passées tout à fait ainsi. »
On appréciera ici l’euphémisme de Grenié, considérant qu’un an ou deux après, Laborit mettait en évidence les vertus thérapeutique de la chlorpromazine en psychiatrie (le premier tranquillisant) tout en développant des techniques d’hibernation artificielle qui sauvaient des vies et faisaient la une des journaux !
L’autre passage concerne un épisode peut-être moins connu sur le laboratoire de Boucicaut dans les années 1970 :
« Puis Laborit connaît une traversée du désert dans les années ‘76-’79. Une rupture de charge s’est produite dans les recettes des brevets. Il est seul dans son laboratoire. On dit alors, dans les salons parisiens, qu’il « fait de la recherche sur bibliographie ». Dans cette période difficile, il reçoit le soutien d’Henri Atlan et d’enseignants du Groupe Freinet qui se mobilisent pour lui apporter quelques fonds. C’est aussi l’époque où il travaille avec Alain Resnais sur Mon oncle d’Amérique.
Dès 1980, le Cantor apporte des ressources nouvelles; en 1984, la laboratoire compte quinze personnes salariées. »
Claude Grenié, qui a lui-même collaboré à cette collecte de fonds, peut donc témoigner du fait que l’indépendance de toute forme de financement étatique du laboratoire de Laborit lui conférait une grande liberté, mais aussi une grande précarité. Un prix que Laborit (et ses amis…) ont assumé pendant les 35 ans de grande créativité scientifique du laboratoire de Boucicaut.
Bonjour, j’ai écouté avec beaucoup d’intérêt la dernière vidéo que vous avez mise en ligne. Je serai très intéressé de pouvoir consulter les cours de Mr Claude Grenier à l’usage des adolescents. J’habite en France et si je puis m’occuper de le contacter, lui où sa famille pour accéder à ces documents…
Très cordialement pour le travail que vous faites.
Bonjour, bravo et merci pour ce site de ressources précieuses sur Henri Laborit ! Comme le commentaire précédent de Bruno, je serais très intéressé de découvrir les cours de Claude Grenié…
Merci encore pour votre travail