Cette page regroupe divers projets (passés, en cours ou à venir) inspirés par Laborit depuis son décès le 18 mai 1995.
Le cerveau à tous les niveaux (2002)
C’est l’outil que j’ai conçu pour diffuser les connaissances sur notre système nerveux, fortement influencé, ai-je besoin de le souligner, par l’oeuvre d’Henri Laborit. 😉
Il y a bien sûr, outre la dédicace, la navigation même du site, par niveaux d’organisation. Mais également de nombreuses pages qui lui sont consacrées
(tapez Laborit dans le moteur de recherche du site sur la page d’accueil).
Colloques
« La médecine ne favorise certainement pas, dans son activité thérapeutique, les conceptions sociologiques d’ensemble. Il suffit de constater combien sont récentes les spécialités de médecine ergonomique ou du travail et combien elles sont intéressées dans le but qu’elles recherchent. Combien difficile fut la naissance d’une vision sociologique environnementale de la pathologie mentale […] On apprend enfin qu’on ne peut atteindre à l’universel (quand celui-ci est mentionné) que par le colloque singulier, payable généralement à la sortie. » – H.L., La vie antérieure, p.85-86
- Henri Laborit : de l’hibernation artificielle à la psychopharmacologie, Colloque organisé sous le patronage de l’université Paris-XII-Val-de-Marne, l’Institut Laborit et l’Association des amis du musée du Service de santé des armées au Val-de-Grâce, Collège de France, Amphithéâtre Guillaume-Budé, 13 octobre 2000.
- Colloque “Actualités d’Henri Laborit” (présidé par Edgar Morin), organisé par Graphein, 7 et 8 avril 2008, Paris. Progamme du colloque.
Étaient présents : Jacques Laborit, Claude Grenié, Jean-Francois Boussard, Patrick Coupechoux, Mathilde Vaudon, Bernard Weber, Roger Gay, Bernard Calvino, Marc Gentil, Séverine Massat.
Présentation : “L’objectif de ces journées est d’offrir une tribune à ceux qui (chercheurs, scientifiques, doctorants, cinéastes, biographes, anciens collaborateurs), perpétuent les travaux et les méthodes d’Henri Laborit (1914-1995), afin d’en dresser une cartographie actuelle. L’œuvre d’Henri Laborit est très largement méconnue dans sa dimension scientifique. Il est connu du grand-public pour ses ouvrages de vulgarisation essentiellement (Eloge de la fuite, Biologie et structure, La nouvelle grille, etc.) et sa participation au film d’Alain Resnais (Mon Oncle d’Amérique en 1981). Cependant, ce savant iconoclaste, chirurgien de la Navale, a ouvert des champs de découvertes dans des domaines extrêmement diversifiés (physiologie, psychiatrie, anesthésie-réanimation, neurophysiologie, urbanisme, pédagogie, etc.).
En partant, à la fin de la seconde Guerre Mondiale de l’étude des blessés choqués (maladie postopératoire et choc traumatique), il remet en cause une physiologie du milieu intérieur héritée de Claude Bernard, et s’engage dans une étude des phénomènes d’agression qui le conduiront à révolutionner l’anesthésie puis la psychiatrie. Mettant au point les techniques d’anesthésie potentialisée, l’anesthésie sans anesthésique et l’hibernation artificielle qui permirent, entre autre, les premières opérations à cœur ouvert, il s’engage avec Pierre Huguenard dans la mise au point de cocktails lytiques dont les éléments de base sont des antihistaminiques mis au point par Rhône-Poulenc.
L’utilisation de ces cocktails pour prévenir la maladie postopératoire, l’amène à observer un état de « désintéressement » des patients avant l’opération chirurgicale, qui le conduit à la découverte des qualités centrales du 4560 RP, le Largactil, le premier médicament neuroleptique. Cette découverte majeure, qui lui vaudra le prix Albert Lasker en 1957, entraînera Laborit dans une rupture avec les autorités scientifiques, le plaçant en marge tant du point de vue des sujets qu’il étudie, que de celui de la structure économique et juridique du laboratoire qu’il dirige à Boucicaut de 1958 jusqu’à sa mort, en 1995.
En quoi les techniques, découvertes, médicaments et méthodes heuristiques qu’il met en place seul ou en collaboration avec des chercheurs pluridisciplinaires, trouvent un écho dans les recherches actuelles ? Le « modèle » de son laboratoire nous offre-t-il un point de comparaison avec la manière dont les pouvoirs-publics envisagent l’innovation thérapeutique actuelle ? Une approche laboritienne de la connaissance, c’est-à-dire largement pluridisciplinaire, est-elle envisageable aujourd’hui ? Telles sont quelques-unes des questions qui seront abordées dans ces journées ouvertes au public.”
Les deux séries de cours Parlons cerveau I et Parlons cerveau II donné à l’UPop Montréal (Québec) en 2011 par Bruno Dubuc. Plusieurs aspects des travaux de Laborit y sont exposés.
L’UPop Montréal est un organisme à but non lucratif ayant pour mission de favoriser le développement de l’esprit critique en offrant à la population de Montréal et des environs un accès libre et gratuit au savoir par le biais d’activités d’éducation populaire implantées dans plusieurs quartiers de la ville.
Le site web Nouvellegrille.info, de David Batéjat, lancé en 2014.
Extrait : “En ce début de 21ème siècle où la croissance montre ses limites et où le progrès devient abstrait, n’est-il pas temps de s’interroger sur les errements des sociétés humaines et de redéfinir quelques notions afin de mieux nous comprendre et trouver une possibilité de vivre ensemble en harmonie durablement ?
Ces quelques mots sont lourds de sens, de sous-entendus que ce site a pour objectif de clarifier pour tenter une expérience collective répondant à la devise qu’Henri Laborit pensait correspondre à nos besoin : “Conscience, connaissance, imagination”
Ce site a donc plusieurs objectifs :
- Faire connaître le fonctionnement de l’Homme en société d’après la grille d’analyse transversale qu’il a établit, il y a 40 ans cette année, et exposé dans un essai, « La Nouvelle Grille » (1974, folio essais),
- Proposer une évolution de cette grille et voir comment l’illustrer aujourd’hui grâce à des contributions,
- Enfin, initier une démarche collective qui nous permette de nous échapper tant que faire ce peut au déterminisme de la dominance et de ses conséquences.
Il n’est pas question de faire ici un musée à Henri Laborit, même si ses travaux nous semblent essentiels, encore moins de se proclamer héritiers de son travail, mais de laisser librement notre réflexion et notre créativité trouver une démarche logique commune.”
Influences de Laborit dans divers domaines, selon Claude Grenié (communication personnelle) :
Au niveau de la recherche :
– Bernard Calvino sur la douleur (Introduction à la physiologie, cybernétique et régulations, Belin éditeur)
– Bernard Weber (Posturologie)
– Le coma thérapeutique mis au point à Montpellier par l’anesthésiste Edmond Escuret : c’est une anesthésie prolongée qui permet la régénération des tissus lésés.
– L’utilisation par Appia, psychanalyste, du Gamma Oh pour faciliter l’analyse (car le Gamma-OH amène un sommeil riche en sommeil paradoxal (rêves), et donc ce matériel est utilisé beaucoup plus rapidement.
– Il y aurait aussi, selon Claude Grenié, un développement possible lors de la phase maniaque de la psychose maniaco dépressive pour laquelle on utilise encore la “sismothérapie”.
En économie :
Économie générale : René Passet (un membre du groupe des Dix) :”L’économique et le vivant”
Économie appliquée:
– création d’entreprises de biotchnologie par la société SUBSTRAT, dirigée par Jean François Boussard
– Le placement de chômeurs auxquels on enseigne les idées de Laborit : La Boucle, créée par Thierry Benoît, Il s’agit d’une agence de l’emploi pour les personnes de cinquante ans et plus auprès desquelles on diffuse le modèle des trois cerveaux , entre autres. Livre de Thierry Benoit : Parle-moi de l’emploi, L’Harmattan.
Influences de Laborit dans d’autres domaines (qui m’ont été signalé depuis le lancement de ce site) :
En sémiotique (biosémiotique) :
- Henri Laborit : une introduction aux fondements de la biologie politique, Simon Lévesque, Laboratoire de résistance sémiotique, 14 janvier 2014.
- La fuite comme résistance : une approche biosémiotique, Simon Lévesque, Laboratoire de résistance sémiotique, 8 mars 2014.
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Penser les déterminations biologiques du jeu avec Henri Laborit, Simon Lévesque, Laboratoire de résistance sémiotique, 17 mars 2014.
En littérature de science-fiction :
Serge Jadot a mis des idées de Laborit au coeur d’une saga de science-fiction en six volumes : “Hôdo, la légende”
Extrait de la page Auteur du site web de la saga : “Depuis, j’ai écrit cinq romans dans l’univers de Hôdo basés sur des idées de H.Laborit : le détournement de l’agressivité, l’évitement de la domination de l’homme par l’homme et le droit à l’évitement et à la fuite. Ces idées se cristallisèrent dans les lois de Hôdo qui gouvernent toute la saga.”
En arts multidisciplinaires :
L’exposition « Patrick Bernatchez – Les Temps inachevés » au Musée d’art contemporain (MAC) de Montréal, du 17 octobre 2015 au 10 janvier 2016. Des extraits de réflexions de Laborit alimentent l’une des œuvres de Bernatchez. Intitulée « Lost in time ». L’œuvre en question est un film (dont on peut voir un extrait ici, avec quelques bribes de Laborit à la fin) qui fait partie d’un corpus plus vaste sur notre rapport au temps qu’explore l’artiste interdisciplinaire depuis 2009. Tous les détails dans ce billet.
Comme je l’ai présenté dans cet article, le travail du Dr. Dominique Dupagne avec son livre « La revanche du rameur » publié en 2012 et son forum médical Atoute.org qu’il a créé en 2000 (et anime depuis) témoigne d’une influence notoire d’Henri Laborit. Le forum Atoute s’intéresse à la santé publique, à l’indépendance de l’information et à l’éthique de la profession médicale avec une attention particulière à la Médecine 2.0 dont Atoute a été l’initiateur en France. Dans le chapitre 6 de “La revanche des rameurs”, Dupagne cite d’ailleurs cet extrait de La nouvelle grille qui rejoint ses préoccupations :
« Il paraît logique de décrire également une information-structure des sociétés, comparable à celle des organismes, et une information circulante comparable aux messages nerveux et endocriniens qui permettent de réaliser la finalité de l’ensemble organique. Or on comprend qu’une telle société n’existe pas encore. L’information professionnelle, la seule diffusée car elle permet l’établissement de nouvelles hiérarchies et des dominances, interdit la cohésion des groupes sociaux fonctionnels. […]
Mais si l’information devenait un but en soi, information structure et information circulante ? Si la matière et l’énergie ne devenaient plus que des moyens d’accroître la connaissance, l’évolution des structures ? Si la société humaine devenait informationnelle5 ? »
En janvier 2016 a été lancé le nouveau site web de l’Institut In>tell>act, un institut d’exploration et de création dans le domaine de la stratégie de vie reconnu par le Ministère de l’Éducation Nationale du Luxembourg, et qui s’inspire des travaux d’Henri Laborit.
Son directeur de la formation et de la recherche, Martin Straus, me raconte dans un courriel l’historique de leur démarche dont je rapporte un extrait avec son consentement dans cet article. Cela représente bien, il me semble, les espoirs, mais aussi les difficultés, que rencontrent ceux et celles qui s’inspirent de Laborit pour comprendre nos comportements en situation sociale et proposent des moyens d’action pour fuir l’inhibition de l’action que ces situations peuvent générer. Une histoire qui n’est pas sans rappeler les constats pas toujours faciles qu’ont dû faire les professeur.es sujets de la thèse de Marie Larochelle qui leur avait fait lire du Laborit pendant des mois pour voir comment cela influencerait leur pratique.
Romain Ligneul effectue des travaux entre autres sur le rang de dominance dans les hiérarchies humaines. Travaux qui poursuivent, avec les outils contemporains de l’imagerie cérébrale, des questions soulevées il y a des décennies par Laborit.
On peut ainsi consulter en format pdf l’article « Dynamical Representation of Dominance Relationships in the Human Rostromedial Prefrontal Cortex » que Ligneul et ses collègues ont publié en décembre 2016 dans Current Biology. On y confirme que le rang dans une hiérarchie de dominance est bien quelque chose qui s’apprend suite à des renforcements. Que le cortex préfrontal rostromédian joue un grand rôle dans cet apprentissage. Et que la stimulation électrique de cette région de notre cerveau peut influencer le poids des victoires et des défaites qui mènent à l’établissement du rang de dominance. Bref, des données fort intéressantes qui viennent spécifier certains aspects d’un phénomène que Laborit décrivait déjà avec les moyens et les mots de son époque.
Plus de détails dans ce billet.
ma “rencontre ” avec les recherches d’henri laborit eut lieu , alors qu’à l’epoque militant , bien ” dans la ligne “, du parti communiste , en vendée, je participais à un debat de preparation d’ un congrés ( 1996 , je pense ) ; à ce debat , une petite equipe de contestataires s’etant invitée ( ouverture oblige) , par la suite nous continuames le debat et le nom de ce scientifique ( vendéen d’origine ) vint dans la discussion ; aprés lecture des quelques livres de lui que je pus trouver difficilement à la mediathéque de la roche sur yon , de belles et bonnes reflexions individuelles et collectives , j’ai eu bien sur une approche totalement differente des evenements , des comportements , de la vie ; je suis trés heureux d’avoir decouvert ce site ; mais mon coté militant ouvrier m’incite à dire : ” voilà ! creer un site internet qui diffuse mondialement les resultats des experiences scientifiques d’henri laborit , c’est tres bien , mais ce qui manque quand meme c’est le coté debat collectif à la portée de toute personne recherchant à enrichir son intellect , s’interrogeant sur le pourquoi , le comment , etc , et ce quels que soient son niveau de connaissances , milieu social , origines , etc ; bien sur , les dominants , nous preparant des lendemains qui dechantent , cherchent à ” enterrer ” toutes ces decouvertes novatrices et urgentes dans le contexte actuel !pour lui ” La seule valeur fondamentale , c’est l’avenir de la planète “nous dit genevieve laborit
Merci pour ce témoignage ! Et je comprends très bien votre critique. C’est d’ailleurs pourquoi, pour aller un peu dans votre sens, j’avais donné des cours gratuits sur Laborit dans notre universtié populaire locale, l’UPop Montréal, et il y avait eu des échanges fort intéressants lors de ces rencontres. Vous pouvez en retrouver des traces au http://www.upopmontreal.com/hiver-2016/walter-benjamin-et-henri-laborit-deux-inclassables-du-xxe-siecle-qui-derangent-encore/
Joël de Rosnay. Mouais. Je ne sais pas si c’est flatteur pour la mémoire de Laborit. De même, je ne suis pas absolument certain qu’être mélangé à Walter Benjamin n’aurait pas agacé Laborit. En fait, pour dire clairement ce que je pense – l’ayant connu – je suis plutôt certain que ça l’aurait agacé. Surtout vu la perspective, car Laborit était l’individu le plus contraire à Susan Sontag qu’on puisse humainement imaginer. Entre autres, je ne vois pas Laborit cautionner que “the white race is the cancer of human history.” S’il était “contre-culturel”, et “subversif”, c’était dans une dimension autrement plus sophistiquée, celle de Dali, Déon, etc. On pourrait même aller plus loin et rappeler que c’est par une réduction à ses théories biologisantes que Laborit était devenu l’un des maîtres à penser (malgré lui, probablement) de la Revue Planète de Pauwels où germinait la “Nouvelle Droite”…